J’espère que vous avez tous sorti les tables, les pic-nics et la crème solaire ! Vous avez bien sûr tous remarqué que la météo était au beau fixe depuis quelques semaines maintenant, ce qui n’est pas coutume dans le coin !! En tant que paysans, on va encore faire nos rabat-joies mais je dois dire que du point de vue d’un maraîcher c’est assez inquiétant…
Vous avez dit sécheresse ?!
« Le déficit de précipitations frise les 50 % en Bretagne depuis le début de l’année » observe le météorologue Pascal Saviner dans un article du Télégramme du 18 mai 2022. « Effectivement, depuis le 1er janvier, en Bretagne, le déficit de précipitations est de 40 à 60 %. Cette situation est liée principalement à la circulation générale de l’atmosphère : on constate une inversion par rapport à la normale, de manière durable ».
Dans un communiqué du 17 mai, la préfecture appelle ainsi les Finistériens être vigilants dans leur consommation en eau surtout que « les prévisions météorologiques des prochains jours ne permettent pas d’entrevoir une amélioration pérenne de la situation hydrique dans le département. »
Sur le site de France Inter, on peut également trouver la carte suivante qui reprend les données du Ministère de la Transition. Elle indique que nous nous trouvons dans une zone qui présente un risque de sécheresse de certaines nappes phréatiques (dont la période de retour est d’au moins 5 ans).
Qu’est ce que ça implique à Kerlou ?
Le printemps en maraîchage est la période clé d’implantation de quasiment toutes les cultures de la saison, d’abord sous les tunnels puis en plein champ. Au moment de la plantation, le système racinaire des plantes est peu développé et elles ne peuvent pas aller chercher l’eau très loin : pour bien démarrer, elles ont besoin d’apports réguliers en eau.
Alors, comment arrose-t-on ? En première intention, nous récupérons l’eau de pluie qui tombe sur une serre et le hangar dans une réserve de 60m3. Mais, depuis plusieurs semaines, pour la remplir, nous devons pomper dans un forage creusé au pied du hangar. Ce forage descend à 90m de profondeur et est alimenté par une petite nappe : on arrive à pomper environ 3m3/h (ce qui est très faible). Je vous rassure, pour l’instant, tout va bien : nous avons suffisamment d’eau pour arroser nos cultures. Notre crainte : trop pomper dans cette nappe, dont on sait que l’eau sera difficilement renouvelable !
Pour limiter notre consommation d’eau, nous utilisons principalement des gouttes à gouttes pour l’arrosage sous abris. Ils limitent l’évaporation et évite le gaspillage. Les paillages (même en plastique) permettent également de conserver l’humidité du sol. Enfin, nous réfléchissons à augmenter notre capacité de stockage d’eau de pluie afin de gagner en autonomie et d’éviter au maximum les ponctions dans la nappe.
Pour une idée de la situation en octobre, regardez par ici.