Chaud devant ! Arrivée des pucerons…
Pourquoi sont-ils déjà là si nombreux ?
En fait, ils ne partent jamais vraiment de Kerlou, même en hiver. On peut dire qu’ils sont présents désormais toute l’année mais à des densités variables. Les hivers doux ne permettent pas de “casser” le cycle de vie du puceron. Il est donc présent sur bien des cultures d’hiver sous serre mais pas de manière “réellement” gênante pour nous. Cependant, plus les hivers sont doux, plus ils seront en nombre pour le démarrage du printemps, la saison cruciale pour nous maraîchers ! Cela correspond au moment de la plantation des cultures d’été sous serre avec les tomates, les aubergines, courgettes, haricots verts, concombres, melons, pastèques, poivrons.
Dans le monde du puceron il y a une diversité incroyable d’espèces. Nous les côtoyons tous les jours, mais on ne les connaît pas très bien en réalité. Nous savons cependant qu’il faut être très vigilant à l’arrivée des pucerons noirs qui sont très friands des fèves, haricots et concombres. Ce sont souvent les premiers à se développer rapidement.
Ensuite, il y a toute une panoplie de pucerons verts qui raffolent de tous les autres légumes.
Le puceron est un insecte qui suce la sève des plantes. Ce qui va endommager les tissus de la plante et priver la plante de certaines substances nutritives. De plus, il sécrète du miellat qui salit les feuilles et ne permet plus aux cellules de la plante de réaliser la photosynthèse. Sans compter leur développement qui peut être exponentielle, une femelle peut avoir jusqu’à 100 petits!
Alors que faire pour arriver à une production satisfaisante malgré leur présence ?
Notre objectif, ce n’est pas de les faire tous disparaître mais plutôt d’atteindre un équilibre acceptable entre la présence des pucerons et d’autres insectes auxiliaires qui vont nous aider dans la régulation de leur présence.
En début de saison, nous misons sur des petites aspersions régulières en début de journée. Le fait d’arroser par le haut les perturbent et les dispersent. Nous n’hésitons pas également à arracher certains plants (avec un petit pincement au cœur!) lorsque l’on voit que l’attaque est « isolé ». Cela permet de préserver les autres plants encore sains.
On pulvérise également du savon noir pour limiter le développement du puceron en attendant que les auxiliaires arrivent. D’ailleurs, on les invite à venir poser leurs valises sous nos serres en y installant des plantes dites « refuges » dont le calendula.
Cette année, le printemps chauds nous a permis de remarquer une arrivée rapide des syrphes, des coccinelles qui mangent avec beaucoup d’appétit les pucerons. Ce sont les larves qui dévorent les pucerons. Ils sont prédateurs. On remarque aussi la présence d’une petite guêpe parasitoïde, très efficace : Aphidius. Celle ci pond dans le corps du puceron, une petite larve qui va pouvoir se développer à l’intérieur de celui ci avant de sortir et de se reproduire. La nature est surprenante !
Cependant nous avons décidé de réaliser un lâché de chrysopes, pour aider un peu plus nos aubergines à se débarrasser de gros foyers de pucerons. La larve du chrysope est très vorace et à l’avantage de résister aux températures encore fraîches des nuits au printemps. Par contre, elle se déplace difficilement, car elle n’a pas d’ailes. C’est pourquoi on les dépose de manière très ciblée sur les zones très « attaquées ».
Avec toutes ces précautions et ces observations, on espère atteindre l’équilibre recherché pour obtenir des légumes beaux, bons et en quantité suffisante pour tout le monde !